Un riche patrimoine de coopération s’est forgé entre la Tunisie et Wallonie-Bruxelles. Les orientations de la programmation courante, sur 5 ans, 2019-23, sont appelées à le consolider davantage.
La 7ème session de la Commission mixte permanente entre la Tunisie et la Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Commission communautaire francophone de Bruxelles-Capitale, adoptait fin 2018 une nouvelle programmation de coopération bilatérale entre la Tunisie et les entités fédérées belges francophones (Wallonie-Bruxelles) sur la période 2019-2023.
Par rapport aux programmations bilatérales antérieures, il s’agit de donner ici davantage de champ à la réalisation des objectifs et résultats stratégiques-projets identifiés entre les multiples acteurs de coopération mobilisés et de favoriser aussi les interactions thématiques entre eux. Tenant compte des orientations largement concertées avec la multiplicité des acteurs de coopération engagés sur de nombreux enjeux communs de part et d’autre et de l’expertise développée dans les programmations antérieures, la commission intergouvernementale adoptait les priorités et objectifs thématiques suivants à mettre en œuvre dans la nouvelle programmation :
- lutte contre la pauvreté, diversification des activités économiques, innovation et développement des chaînes de valeurs ;
- soutien aux projets décentralisés et diffusion des résultats déjà obtenus à d’autres régions du pays
- création ou renforcement de pôles d’excellences structurants susceptibles d’un rayonnement tant national que régional, favorisant, par-là, la recherche, les pratiques innovantes ;
- renforcement des capacités de certains services et instances publics.
En soutien à ces objectifs et suite à l’évaluation conjointe de la programmation bilatérale 2016-2018 ainsi qu’aux larges concertations menées parallèlement, la Commission mixte s’est entendue sur la mise en œuvre des axes/programmes prioritaires de développement suivants :
- eau et environnement ;
- droits humains et renforcement de la société de demain ;
- politiques culturelles et de valorisation du patrimoine.
L’enseignement supérieur et la recherche constituent un axe transversal d’appui à la réalisation des trois premiers, suivant la sélection des projets. Ils constituent en outre un secteur de coopération bilatérale en matière de gouvernance et de renforcement de la diversité des partenariats. L’économie représente un autre enjeu transversal d’appui par le partenariat entre institutions de développement économique et commercial et les entreprises.
30 projets de coopération à vocation structurante ont ainsi été sélectionnés, portés conjointement par des partenaires opérationnels (pilotes) tunisiens et belges, avec l’appui aussi de partenaires internationaux suivant les enjeux et compétences à mobiliser. Par cette nouvelle programmation, Wallonie Bruxelles International réaffirme son soutien aux partenaires gouvernementaux et locaux et de la société civile, tunisiens et de Wallonie-Bruxelles, sur différents secteurs privilégiés : la jeunesse, l’emploi, l’environnement, le développement durable ( cf la forte concentration de projets et de mobilisation d’expertises dans le domaine de l’eau), l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, la liberté d’expression et d’information, la coopération culturelle et la décentralisation.
Les relations de la Tunisie avec l’Union européenne constituent un cadre d’appui à notre coopération bilatérale. Le programme européen Recherche et Innovation « Horizon 2020 », Europe Créative ainsi que d’autres programmes européens spécifiques à la politique européenne de voisinage ou à la Tunisie méritent une attention soutenue de notre coopération bilatérale. La Francophonie est également un espace et un enjeu que nous partageons avec la Tunisie. Wallonie-Bruxelles sera également engagée aux côtés des Autorités tunisiennes pour apporter son appui à l’organisation du Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie à Tunis en 2020.
Pour le secteur de la jeunesse, aux côtés des partenaires tunisiens, la nouvelle programmation pourra compter sur la mobilisation de la Délégation générale aux Droits de l’Enfant de la FWB, du Centre de Ressources et d’Appui pour la prévention des extrémismes et des radicalismes violents (CREA) et du Bureau international de la Jeunesse (BIJ) au profit d’un échange d’expertise et d’un appui aux structures tunisiennes.
La Tunisie est un acteur de premier plan de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique francophones, africains, arabes et euro-méditerranéens. Outre les dernières rencontres ministérielles et la réalisation d’une part importante de la programmation 2016-18 en matière de coopération scientifique, plusieurs initiatives ont permis d’identifier une volonté commune de coopération en vue de favoriser le rapprochement entre acteurs académiques et scientifiques et de mieux s’inscrire dans les politiques et programmes de l’UE et de la Francophonie.
Dans le domaine de la liberté d’expression et d’information , il est à souligner la nouvelle étape de coopération en matière de régulation audiovisuelle, grâce à l’appui de l’instrument UE de jumelage, entre la Haute Autorité de l’Information et de la Communication Audiovisuelle tunisienne (HAICA) et le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), autorité indépendante de régulation de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Parallèlement à la formation en journalisme, la Commission sera attentive à la poursuite des développements du jumelage ainsi qu’à la poursuite d’autres objectifs communs.
En matière de politiques culturelles et du patrimoine, la nouvelle programmation cherchera à favoriser les échanges d’expertise dans les domaines cinématographiques, des arts de la scène et de la valorisation du patrimoine historique en milieu urbain, et ce en relation étroite avec les institutions publiques tunisiennes et organisations professionnelles, scientifiques et de la société civile.
La programmation 2019-2023 par axes et résultats stratégiques
Ces programmes spécifiques sont déclinés en objectifs généraux et résultats stratégiques, à travers les activités (projets) qui contribuent à leur réalisation.
Les programmes spécifiques
1. Eau & Environnement :
Dans ce secteur, il s’agira de valoriser la connaissance et le savoir-faire (scientifique, technique, de gouvernance et de mobilisation à la participation la plus large des parties prenantes) en vue de répondre aux défis des objectifs du développement durable. L’appui à la gouvernance et à la valorisation des ressources naturelles, et particulièrement de la ressource en eau, concentre un certain nombre de résultats stratégiques en leurs aspects scientifiques, techniques, juridiques, institutionnels, économiques, sociaux, culturels et écologiques. Le renforcement des connaissances sur les changements climatiques et leurs effets sur l’environnement doivent assurer une meilleure promotion du développement durable reposant sur une politique environnementale décentralisée ainsi que sur un renforcement de capacités chez les acteurs de ces secteurs.
2. Droits et renforcement de la société de demain :
Les actions porteront sur la promotion des droits humains et singulièrement la protection de l’enfance, l’autonomisation des femmes et la lutte contre l’extrémisme violent. Il s’agira de relancer et d’approfondir la coopération en matière de droits humains et de renforcement de la société civile afin d’accroitre leur participation au dialogue politique et à l’élaboration des politiques nationales. Les résultats recherchés reposeront sur : - la promotion des droits des femmes dans les domaines de la politique, de l’autonomisation sociale et économique ainsi que dans les médias et favoriser les initiatives de coopération en matière de lutte contre les violences et les discriminations ; - une politique de la jeunesse avec une attention particulière pour la médiation et le plaidoyer autour des droits de l’enfant ;
- le renforcement de la politique de santé, des dispositifs sociaux et de recherche scientifique en matière de toxicomanie ; - la coopération en matière de libertés individuelles et de liberté d’expression et d’information, ainsi que la promotion de l’information pluraliste et intègre.
3. Politiques de coopération culturelle & de valorisation du patrimoine :
Il s’agit ici d’inscrire le secteur culturel dans les objectifs de décentralisation, de démocratie culturelle et de valorisation du patrimoine en favorisant les écosystèmes socioculturels ainsi qu’un rôle actif et participatif des acteurs de la culture et des différents publics visés. Promotion de la diversité culturelle tunisienne et accès à la culture, à l’échelon local, national et international, via l’émergence ou le renforcement d’acteurs culturels tunisiens, et à la mise en relation avec les réseaux de création et de diffusion internationaux sont à l’ordre du jour. Une attention particulière est accordée aux projets ayant une valeur ajoutée dans le domaine de la décentralisation et agissant en faveur des jeunes et des femmes. Seront soutenues la liberté d’expression et de création ainsi que la professionnalisation des métiers de la culture, particulièrement au niveau des secteurs théâtral et de la production cinématographique et audiovisuelle. La capitalisation des connaissances et la valorisation du patrimoine matériel et immatériel seront soutenues, en particulier dans les contextes de développement urbain.
Les enjeux transversaux d’appui aux objectifs de la programmation Le développement de la recherche passera par le renfoncement de la valorisation de la recherche à des fins économiques et sociétales, en particulier par le montage de projets innovants en rapport avec l’environnement et le développement durable au profit du tissu socio-économique local. Les capacités des bureaux de transfert de technologie dans les universités, les technopoles et les unités de valorisation des centres de recherche seront renforcées. La coopération économique reposera sur le renforcement des partenariats entre institutions de développement économique et de commerce extérieur et les entreprises.